Interpellation d’Elodie Cornez au conseil communal du 23 février 2022

Mesures de la qualité de l’air (pollution au dioxyde d’azote – NO2) à Bruxelles et dans les écoles – quelles actions communales ?

Entre octobre 2020 et octobre 2021, des mesures de la pollution au dioxyde d’azote ont été faites dans 60 écoles (cours de récréation) de la Région bruxelloise et en 60 autres endroits (7 points de mesure pour Saint-Josse).  Le NO2 est responsable de plusieurs centaines de décès prématurés par an, sans parler de l’impact à long terme sur les poumons en développement des enfants, et Bruxelles est une des villes européennes la plus impactée par cette pollution. Ces mesures démontrent que la qualité de l’air dans les écoles de la Région bruxelloise est de manière générale médiocre avec un large dépassement des seuils définis par l’Organisation mondiale de la Santé.

La carte des mesures publiée par Bruxelles-Environnement que vous trouverez ci-dessous montre un Saint-Josse oscillant entre le rouge foncé (dépassement de deux fois les mesures de l’OMS) et le mauve (dépassement de trois fois les mesures de l’OMS). 

La pollution au NO2 est largement liée à la circulation automobile – 61% des émissions de dioxyde d’azote dans la région bruxelloise sont liées au trafic routier;

La Région bruxelloise a mis en place sous la législature précédente une « zone de basse émission » dite LEZ (acronyme anglais). Petit à petit, cette LEZ est mise en œuvre et produit des résultats.

Saint-Josse pour sa part reste un point noir de la circulation automobile, y compris en cette période de télétravail accru qui a limité en partie la circulation automobile entrant dans Bruxelles. 

Pourtant Saint-Josse a des atouts pour ne pas être ce point noir : 

  • 69% des ménages n’ont pas de véhicules motorisés, 
  • deux stations de métro se trouvent sur le territoire de la commune et au moins 9 lignes de bus (29, 63, 65, 66, 59) et de tram (92, 93, 55 et 25) qui desservent l’ensemble de la ville la traversent. St-Josse a également partiellement sur son territoire la gare du Nord qui dessert l’ensemble du pays et le grand Bruxelles par la voie des trains S.
  • Enfin, Saint-Josse, étant donné son territoire réduit, permet facilement le déplacement à pied pour faire ses courses ou accéder à moult services.
  • St-Josse est aussi le territoire qui, le premier, a instauré une rue scolaire aux heures de rentrées et sorties scolaires (mais qui a malheureusement bien rapidement abandonné les autres projets de rues scolaires).

Dans son rapport de campagne, les Chercheurs d’Air demandent aux 19 communes – ce message s’adresse donc bien à nous, Conseil communal – , « d’augmenter le nombre de rues piétonnes sur leur territoire, particulièrement là où se trouvent des écoles et d’augmenter l’espace réservé à la mobilité active et partagée, d’accélérer l’électrification des véhicules indispensables à la mobilité des personnes qui vivent, travaillent ou passent à Bruxelles (bus, véhicules des personnes à mobilité réduite, taxis, etc.) et de communiquer bien plus sur les dangers de la pollution de l’air ainsi que sur les solutions qui existent pour la combattre. »

A notre niveau, plusieurs de ces défis peuvent – et doivent car il en va de la santé de notre population, particulièrement des enfants mais pas exclusivement – être relevés.

Le groupe Ecolo-Groen demande dès lors avec insistance que : 

  • les rues scolaires abandonnées en cours de route soient remises sur pied et que leurs horaires soient étendus – en effet, la seule fermeture aux heures d’entrée et de sortie des classes n’est pas suffisante pour faire baisser durablement les taux de dioxyde d’azote,
  • une place plus importante soit réservée à la mobilité active et douce sur les voiries communales notamment par la voie de
    • trottoirs élargis lorsque des travaux sont effectués, 
    • pistes cyclables correctement marquées, voire séparées de la circulation là où c’est possible et souhaitable, 
    • solutions de stationnement des outils de la mobilité douce adaptés à la croissance exponentielle de leur usage (+77% de cyclistes en plus entre mars 2020 et mars 2021),
    • participation à des projets de type Bruxelles en vacances qui permet aux habitants de réinvestir les rues comme lieu de vie (et pas comme barrière infranchissable), 
  • la commune passe pour son charroi communal à l’électrique. Des efforts ont été consentis à cet égard pour des petits véhicules, il faut accélérer la transition et intégrer dans chaque appel d’offre de charroi des critères visant à favoriser les solutions électriques,
  • la commune favorise l’installation de bornes de recharge pour véhicules électriques sur son territoire – je suis en effet consciente que tous ne pourront pas se passer d’une voiture,
  • Et enfin, la commune doit faire son travail de pédagogue et informer, et informer encore, des risques pour la santé de chacun et de tous de cette pollution sournoise qu’est la pollution de l’air et inciter chacun dans la mesure de ses capacités à privilégier la marche ou toute autre forme de mobilité douce dès que possible. 

La liste n’est certainement pas close. 

Qu’entend concrètement faire la majorité pour s’engager dans cette voie ?

Autant être clair tout de suite, la réponse est une fin de non-recevoir. Aucune initiative complémentaire ne sera prise.

Lisez plutôt :

Le Collège répond qu’il est soucieux de la qualité de l’air et de ses dangers, mais insiste sur le caractère “régional” du problème même lorsqu’Élodie Cornez lui rappelle que chacun doit contribuer.

Concernant les rues scolaires, le Collège ne souhaite ni en initier de nouvelles, ni étendre les horaires de la rue scolaire existante. Argument invoqué : la levée de boucliers de (certains) parents et la suppression que cela impliquerait en termes de perte de places de parking. En fait, sur ce dernier point, c’est surtout un problème de conception du plan de circulation à Saint-Josse, mais bon…

Concernant la mobilité douce, le Collège maintient ses demandes de soutien par la Région des parkings Scailquin et Petre, comme seule solution pour les navetteurs. Le train, ça n’existe pas manifestement, le Park and Ride à Kraainem (193 places) connecté pour sa part au métro non plus, sans même parler des parkings de délestage installés en amont.

Par ailleurs, Élodie Cornez rappelle que la région verse environ 6 millions d’euros par an de subside à la commune, que cette dernière peut utiliser à sa guise. De quoi rénover Scailquin plutôt qu’un stade somptuaire, non ?

Concernant le parc automobile, la commune fait des efforts et avance dans la bonne direction. Ouf, au moins une bonne nouvelle !

Le Collège indique avoir créé son projet “Saint-Josse en été”. Exact, Jean-Michel Muhire avait interpellé le Collège à cet égard lors du Conseil du 24 juin 2020. La réponse à l’époque était assez décevante, ne concernant que quelques rues (Saxe-Cobourg / Bériot et Deux Églises) et seulement le dimanche de 10 h à 18 h, car le Collège souhaitait qu’il n’y ait pas d’impact sur la mobilité et que ces projets prennent place sur demande des citoyens pour les autres rues de la commune… Espérons que ce soit mieux cette fois-ci !

En conclusion, “circulez, il n’y a rien à voir”.

Pourtant, Saint-Josse oscille entre dépassement de deux, trois voire quatre fois le seuil de dioxyde d’azote acceptable dans l’air (voir la carte de Bruxelles-environnement ici) mais aucune nouvelle initiative ne sera mise en œuvre.

On peut donc à cet égard ne que compter sur la Région.